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23.06.2016
« Le projet de Claire Fontaine (collectif fondé à Paris en 2004 ; vit et travaille à Palerme) occupe la zone du jardin qui fait face à la Loggia. L’installation (…) présente une série de vêtements pendus à des fils et offre dès le premier regard une sensation de joie derrière laquelle se cache le drame des migrants ; elle transforme ainsi les jardins en un campement idéal de luxe destiné à des personnes ‘invisibles’. Les vêtements suspendus entre les arbres et les structures architecturales de la Villa suggèrent l’absence des corps de celui qui n’a même pas pu devenir un réfugié et les accompagnent comme une ombre silencieuse au moment de leur arrivée en ville. La Villa devient ainsi la métaphore d’un problème social toujours crucial et qui, juxtaposé à sa beauté, émerge avec une force particulière. La Loggia est ornée aussi du néon Ma l’amor mio non muore. Comme Claire Fontaine l’a affirmé dans Nous sommes tous des singularités quelconques (2006) : « Les raisons d’un amour qui ne meurt pas puisent souvent dans le passé plus que dans le présent. Sans doute parce que l’amour n’a pas le sens de la réalité, mais il a le sens du possible, il est apparenté avec l’avenir et le non avenu. Que nous aimons le communisme – et que nous l’aimons encore – cela veut dire que pour nous le futur existe et qu’il n’est pas la propriété privée des dominants d’aujourd’hui et de demain. Cela veut dire que l’amour qui alimente le passage du temps, qui rend les projets et les souvenirs possibles, n’est pas possessif, jaloux, non partageable, mais collectif ; qu’il ne craint ni la haine ni la rage, qu’il ne se réfugie pas désarmé dans les maisons, mais qu’il court les rues et ouvre les portes fermées ». Le néon et l’installation dans les jardins souhaitent impliquer totalement le spectateur, par un moyen de séduction visuelle, en essayant de toucher tous ses sens, pour l’inviter à réfléchir, une fois encore, sur les relations entre les individus et les codes éthiques qui les sous-tendent ».