Colloques et journées d’étude / histoire de l'art

« Amour et cruauté. Les extases de l’oiseleur. » Conférence de Sergio Dalla Bernardina

6 février :

19.00 « Amour et cruauté. Les extases de l’oiseleur. » Conférence de Sergio Dalla Bernardina

Cet événement est programmé dans le cadre du colloque international en histoire de l’art Encager le ciel : approches artistiques, historiques et anthropologiques des volières qui aura lieu à lAcadémie de France à Rome – Villa Médicis et à la Sapienza Università di Roma, Facoltà di Architettura les 6, 7 et 8 février 2020.

Dans les Alpes italiennes il était assez courant, chez les propriétaires terriens des siècles passés (du XIVe au XXe ), d’entretenir un  roccolo. Ce piège végétal se présentait sous la forme d’un bosquet. Il dissimulait un énorme filet et un abri rustique. Caché dans l’obscurité, l’oiseleur contemplait  les évolutions des migrateurs, attirés par les appelants,  avant de les capturer. Il s’agissait d’une « volière », d’un certain point de vue, mais avec des occupants  éphémères toujours renouvelés. Une riche littérature  a accompagné pendant longtemps cette pratique. La compréhension de cet univers lié aux valeurs de la ruralité, peu compatible avec l’ethos  contemporain,  nécessite d’une mise en perspective anthropologique. L’aucupio –  c’est ainsi que les manuels italiens définissaient la chasse des petits oiseaux à l’aide de filets –  renvoie en fait à un monde révolu (mais jusqu’à un certain point)  où, à la barbe du principe de non contradiction, on pouvait être goinfre et esthète à la fois, expert et destructeur, piégeur et soigneur. On pouvait aimer sincèrement les petits oiseaux tout en les torturant pour qu’ils chantent mieux. On pouvait même dépasser ses propres limites ontologiques pour devenir, porté par  l’enchantement, chardonneret grive ou pinson.

Sergio Dalla Bernardina est professeur d’ethnologie à l’Université de Brest (UBO), où il assure ses enseignements et dirige le séminaire permanent d’anthropologie de la nature : « Ordre naturel et bricolages humains ». Il est membre du IIAC (directeur du LACI) et responsable à l’EHESS des séminaires « De l’humain animalisé au vivant humanisé » et « Ruralités contemporaines ».  Ses recherches portent sur les rapports homme /environnement, sur la question animale, sur l’esthétique vernaculaire, sur les conditions de production du discours anthropologique. Il a écrit, entre autres, L’utopie de la nature. Chasseurs, Ecologistes, Touristes, Paris, Imago, 1996 ; L’éloquence des bêtes. Quand l’homme parle des animaux, Paris, Métailié, 2006.  Le retour du prédateur. Mises en scène du sauvage dans la société postrurale, Presses Universitaires de Rennes, 2011. Il a dirigé plusieurs ouvrages collectifs. Il anime un blog consacré à l’utilisation des animaux en tant que supports rhétoriques : http://lanimalcommepretexte.blogspot.fr

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