Hommage à Cyril Gerbron

Cyril Gerbron, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome en 2017-2018, nous a quittés. Ses camarades de promotion et le personnel de l’Académie se souviennent d’un ami, d’un chercheur passionné, d’un homme d’une grande sensibilité.

Cyril avait obtenu un doctorat d’histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 2012. Sa thèse intitulée Liturgie et mémoire dans l’œuvre de Fra Angelico, menée sous la direction de Philippe Morel, et parue aux éditions Brepols en 2016, proposait une lecture innovante de la fonction des images de l’Armadio degli Argenti et d’autres retables du peintre-moine ; œuvres conçues comme des machines pour la mémoire, support à la méditation et à la fabrication d’autres images intérieures, directement reliées à une quête spirituelle.

Boursier en 2014-2015 à la Villa I Tatti – The Harvard University Center for Italian Studies, avec un projet visant à comprendre l’importance et la spécificité des métaphores minérales utilisées dans la peinture du Quattrocento pour manifester notamment la nature double et le mystère du Christ ; il avait publié à l’issu de cette année un article dans I Tatti Sudies dédié à l’image du Christ-pierre dans l’Adoration de l’Enfant de Filippo Lippi.

Son projet à la Villa Médicis concernait les personnages sans identité disposés en marge des fresques italiennes entre les XIVe et XVIe siècles.

Au cours de sa résidence, il avait multiplié les initiatives et collaborations, notamment avec les pensionnaires des autres disciplines, attachant durablement son nom à l’œuvre collective de l’Académie France à Rome. En tant que chercheur, il avait à cœur de tisser des passerelles entre l’histoire de l’art de la Renaissance et des objets de la culture populaire contemporaine. On se souvient, entres autres choses, de sa conférence : « The Old/Young Pope. Maurizio Cattelan/Paolo Sorrentino », en janvier 2018, qui proposait une exégèse brillante de l’iconographie ancienne et contemporaine déployée par le réalisateur de la série. Ce travail qui fera l’objet d’une publication à l’automne aux presses Universitaires François Rabelais.

Spécialiste de la Renaissance, Cyril Gerbron savait déployer des trésors de pédagogie pour transmettre ses connaissances d’histoire de l’art. Il avait enseigné notamment dans les universités Paris 1, Poitiers, Lyon 2-Lumière, Grenobles-Alpes et à l’Institut National du Patrimoine. Sa très grande curiosité et son attention à l’art du passé l’avaient porté à s’intéresser à de très nombreux sujets : l’œuvre de Fra Angelico et la peinture italienne du XVe siècle, la peinture religieuse de Callisto Piazza et de Bronzino ou encore les natures mortes énigmatiques de Sánchez Cotán, sujets auxquels il avait dédié des articles paru dans des revues internationales telles que Studiolo,  Artibus et Historiae, Mélanges de l’École française de Rome, Mitteilungen des Kunsthistorischen Institutes in Florenz…

Il avait co-dirigé, avec Francesca Alberti et Jérémie Koering, l’ouvrage Penser l’étrangeté. L’histoire de l’art de la Renaissance italienne entre bizarrerie, extravagance et singularité (Presses Universitaires de Rennes, 2012) et collaboré à la publication de Voir l’au-delà : l’expérience visionnaire et sa représentation dans l’art italien de la Renaissance : actes du colloque international (Brepols, 2017) publiant aussi au sein de cette ouvrage une étude sur l’expérience de la vision dans le couvent de Saint Marco à Florence.

Sa disparition laisse celles et ceux qui l’ont connu dans un chagrin infini. L’Académie de France à Rome adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et ses amis.