CineMondo Regard sur le Moyen-Orient

Le cinéma au Liban, en Syrie, en Israël et en Palestine Ière édition La géographie du cinéma du Sud est complexe, elle se confond avec un présent qui connait une évolution continue parcourue par la violence. Des cinéastes émergents se mesurent avec le nouveau panorama cinématographique mondial, notamment grâce à la diffusion européenne, aux co-productions et aux coopérations entre Pays. Pour cette première édition de CineMondo, nous tournons notre regard vers les pays du Moyen-Orient et la production récente au Liban, en Syrie, en Israël et dans les territoires palestiniens, dans un dialogue permanent et fort avec les générations de metteurs en scène et d’auteurs du passé. Un cinéma traversé  de conflits armés et d’une réflexion profonde sur la mémoire et l’identité, qui unit les nations au-delà de la multiplicité de leurs langues, ethnies et croyances religieuses. En collaboration avec le Festival International du Documentaire de Marseille, qui depuis plus de 20 ans présente avec courage et une grande originalité un panorama de la production actuelle de documentaires dans le monde, nous offrirons une vitrine du cinéma le plus récent et inédit des Pays du Levant. Un cinéma de frontières, à la lisière entre le genre documentaire et la fiction, qui révèle une vitalité et une créativité nouvelles, héritées d’une génération de metteurs en scène qui s’est affirmée depuis le début des années 70. Des metteurs en scène du présent , comme Monika Borgmann, Hala Alabdalla, Mohammedi Ali Atassi  ou encore Raed Andoni et Avi Mograbi, seront les protagonistes de cette première édition et montreront à quel point le cinéma est devenu un langage d’expression artistique important. Nombreux seront les films présentés en avant-première ou en projection spéciale, primés par la critique internationale pour leur force expressive et leur originalité. Films fantômes, présentés et souvent primés dans de nombreux festivals internationaux, à Venise, Berlin, Cannes, seront projetés en version originale sous-titrée à l’Académie de France à Rome. Avant-hier, aujourd’hui, le cinéma Rarement une programmation cinématographique ne se sera trouvée aussi synchrone avec l’actualité. Est-il utile de le répéter ? Un tournant historique a cours, aujourd’hui même, dont les suites restent inconnues. Une chose est certaine : un soulèvement de vaste ampleur, transnational et populaire, secoue les vieilles tyrannies pour remettre à l’œuvre l’exercice du politique, jusque-là confisqué par les offices de la terreur policière.  Or, à l’heure où ce coup de sonde dans le cinéma contemporain du Moyen-Orient était imaginé, à l’invitation de l’Académie de France à Rome, que nous remercions vivement, rien de cette actualité ne perçait que sous la forme ténue et aiguë d’une nécessité d’avenir. En revanche, chacun de ces films, affûté comme la lame de l’analyse porte témoignage cru de situations spécifiques, de contextes différents, d’histoires particulières. Pas davantage qu’un autre, le cinéma du Moyen-Orient ne saurait se fondre dans un type. Le Liban et ses secrets terribles approchés de si près dans le Massaker de Monika Borgmann et Lokman Slim ne partage rien avec le courage d’Abu Zayd suivi si intensément par Ali Atassi, encore moins avec le projet allégorique de Ghassan Salhab. La Palestine de Raed Antoni n’est pas celle vue par Kamal Aljafari. Et si les sons brechtiens rapprochent Avi Mograbi de Roee Rosen, leur Israël s’épelle avec des mots et des corps incomparables. De même, le lyrisme mélancolique et chuchoté d’Hala Alabdalla a élu une autre temporalité que celle de feu Omar Amiralay pour décrire la douleur syrienne. En célébrant cette chance de rencontres, qui sont celles de demain, nous souhaitons partager avec vous, public italien, le bonheur de ces terres cinématographiques injustement méconnues. Jean Pierre Rehm , délégué général FIDMarseille PROGRAMME SAMEDI 16 AVRIL LE DOCUMENTAIRE EN SYRIE 19h30 HOMMAGE A OMAR  AMIRALAY Présentation et débat avec la réalisatrice Hala Halabdalla Les jeunes réalisateurs des pays arabes perdent un important point de référence: Omar Amiralay, intellectuel e réalisateur indépendant, s’est éteint à l’improviste le samedi 5 février à l’âge de 67 ans. Ses analyses politico-économiques éclairées l’avaient contraint à l’exil, alors que la majeure partie de ses films subissait la censure et l’interdiction de diffusion dans son pays. Retourné en Syrie, il continuait à exprimer ouvertement ses idées avec un groupe d’intellectuels libanais et syriens, signataires en 2005 d’une pétition pour que la Syrie reconnaisse définitivement l’indépendance du Liban. Depuis des années, Amiralay contribuait activement à la formation de jeunes réalisateurs et à la circulation de leurs œuvres. Il soutenait les projets de Aflam Marseille et il contribuait aux activités de l’association après avoir été l’invité d’honneur du Festival « Cinéma Syrien » en 2006. ( AFLAM, Diffusion des cinémas arabes. Marseille ) Al hayatt al yawmiyah fi quariah suriyah ( Vie quotidienne dans un village syrien ) de Omar Amiralay Syrie, 1974, 85′ Dans la Syrie des années 70, Omar Amiralay, et Saadallah Wannous obtiennent l’autorisation de partir observer les répercussions de la réforme agraire dans un village syrien. À leur arrivée, les paysans se méfient de ces étrangers avec leur matériel de cinéma… Mais finalement ils s’approprient le film pour exprimer leur colère et révéler les tensions qui existent entre le discours officiel et la réalité de leur vie. Encore aujourd’hui le film est interdit en Syrie. 21h30 RENCONTRE AVEC HALA ALABDALLA Ana Alati Tahmol Azouhour Ila Qabriha ( Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe ) de Hala Alabdalla et Ammar Albeik Syrie, 2006, 105′ La carte de mon pays, la Syrie, se résume à des amis et des routes de repérages. Je parle à ces routes, je livre mes doutes et mes certitudes en cherchant des lieux de tournages pour mes films en attente depuis 20 ans. Mes amies passent à l’aveu devant ma caméra, s’expriment à ma place et allègent le brouillard de mes yeux. Je me réfugie auprès de la mer : c’est mon enfance effacée, c’est mon énigme, c’est la tombe sacrée de la poésie. Ammar (co-réalisateur) m’aide à passer à l’acte et à réunir mes films suspendus dans un seul. Un film comme un puzzle en noir et blanc fait d’allers et retours qui dirait la prison et l’exil, le passé et le présent, l’amour et la mort. Un film qui dirait l’importance de la poésie. (Hala Alabdalla) 63° Mostra Venezia Orizzonti DIMANCHE 17 AVRIL 19h30 Focus FIDMarseille, Festival International du Documentaire. Présentation de Jean Pierre Rehm, délégué général du FID. Débat avec le réalisateur Mohammad Ali Atassi Fi itizar Abu Zayd ( En attendant Abu Zayd ) de Mohammad Ali Atassi Liban/Syrie, 2010, 82′ Nasr Hamed Abou Zayd n’est pas Godot, et l’attente promise par le titre est trompeuse : ce grand monsieur est présent dans quasiment chaque plan. Qui est-il ? Théologien musulman égyptien de réputation internationale, il a publié des exégèses du Coran qui lui ont valu d’être condamné pour apostasie. Exil, divorce contraint d’avec son épouse Ibtihal Younes puisque son mariage tombait sous le coup d’une annulation, séparation d’avec son fils, telles sont les conséquences de ses écrits. Mais Abou Zayd n’a pas renoncé, résidant à Leiden aux Pays-Bas, il continue, toujours sur les routes, de donner des conférences, d’expliquer avec grande sérénité ses positions dans des débats publics, à la télévision,etc. C’est ce dévouement particulièrement impressionnant que la caméra de Mohammad Ali Atassi a enregistré sur une période de six années. Ce film est donc le portrait d’un penseur en action et l’occasion de passionnantes leçons d’études islamiques. Mais c’est aussi, comme dans cette séquence de rencontre avec une salle à Beyrouth, ou sur le plateau d’Al Jezeera, un document sur une société passionnée de débats théoriques. ( Jean Pierre Rehm ) FID2010 Prix Georges de Beauregard International 21h30 Terra Incognita de Ghassan Salhab Liban, 2002, 93′ Beyrouth aujourd’hui, ville sept fois détruite, autant de fois reconstruite. Ville chantier, ville mutante, à l’image de Soraya, figure centrale du film, mais aussi de Leyla, Tarek, Nadim et Haïdar. Soraya, guide touristique, qui parcourt le pays, sur les traces de civilisations passées, auxquelles se mêlent parfois celles de la récente guerre. Soraya qui s’abandonne à des amants de passage et qui accumule les visas. Leyla qui navigue entre mysticisme et athéisme exacerbés. Nadim, architecte, qui réinvente sa ville, apportant sa pierre à l’œuvre de destruction et de reconstruction. Tarek, fraîchement rentré au pays, et qui se demande pourquoi. Haïdar, spectateur des informations qu’il relate à la radio, tout autant que de sa propre existence. LUNDI 18 AVRIL LE CINEMA DOCUMENTAIRE AU MOYEN-ORIENT 19h30 Massaker de Monika Borgmann, Lokman Slim et Hermann Theissen Allemagne/Liban/France/Suisse, 2004, 99′ En 1982, les images du MASSACRE perpétré dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban ébranlèrent le monde. La plupart des coupables faisaient partie des Forces Libanaises, une milice chrétienne. Qu’est-ce qui pousse les hommes à commettre de telles atrocités ? Six d’entre eux se confient. Le film analyse par son contenu et par son esthétique le phénomène de violence collective d’un point de vue psychopolitique. » Andréa Wenzek FID2005 Prix Premier – Mention spéciale Berlinale 2005 – Panorama TABLE RONDE avec Monika Borgmann ( réalisatrice ), Alessandra Paradisi ( COPEAM – Conferenza Permanente dell’Audiovisivo Mediterraneeo ) et Jean Pierre Rehm ( FIDMarseille ) MARDI 19 AVRIL DIASPORAS CINEMATOGRAFIQUES 19h30 Alsateh ( Le toit ) de Kamal Haljafari Territoires palestiniens, 2006, 63′ Un homme s’en retourne dans son pays, celui de ses parents, la Palestine – l’Israël d’aujourd’hui. Pris dans les contours en pointillé d’existences et de lieux fragmentés, il est à la recherche d’une place et d’un récit cohérent. Tissant les lambeaux de son passé d’adolescent alors incarcéré, son voyage est moins la quête de sa mémoire que la tentative de reconquête d’un présent – comme passé vivant. Son cadre formel : l’histoire inachevée qui pèse sur la maison familiale. Loin des stratégies spectaculaires journalistiques ou des enquêtes supposément véristes, loin des causes brandies et de leur logique de victimisation, on ne trouvera pourtant rien d’anecdotique ici. Ou de l’anecdote élevée au rang d’allégorie, qui permet au film d’emprunter les chemins et le rythme de la méditation, de mettre un mur abattu en écho avec un mur que l’on construit. Manifeste politique autant que formel, ce que révèle Kamal Aljafari, c’est davantage que le sens donné à l’absence d’un toit, c’est l’architecture propre à l’identité, au lieu et aux passés encore présents. ( Jean Pierre Rehm ) FID2006 Prix Son Rencontre avec le public 21h30 Z32 de Avi Mograbi France/Israël, 2008, 81′ Un ex-soldat israélien a participé à une mission de représailles dans laquelle deux policiers palestiniens ont été tués. Il cherche à obtenir le pardon pour ce qu’il a fait. Sa petite amie ne pense pas que ce soit si simple, elle soulève des questions qu’il n’est pas encore capable d’affronter. Le soldat témoigne volontairement devant la caméra tant que son identité n’est pas dévoilée. Le cinéaste, tout en cherchant la solution adéquate pour préserver l’identité du soldat, interroge sa propre conduite politique et artistique. 65ème Mostra de Venise – Horizons MERCREDI 20 AVRIL 19h30 Fix me de Raed Andoni Territoires palestiniens, 2009, 98′ Raed a mal à la tête. Au propre comme au figuré. Ça l’empêche de travailler. Il décide de se faire soigner. Il se rend au service psychiatrie de l’hôpital de Ramallah. Oui, Raed est palestinien. Il habite en Cisjordanie. Le chef de service lui promet de le guérir en vingt séances. Raed est réalisateur. La salle de consultation est séparée par un miroir sans tain d’une pièce mitoyenne. Ce dispositif sert habituellement à la formation des internes. Il permettra à Raed de filmer sa thérapie. Et au spectateur de pénétrer la psyché de cet étrange personnage, sorte de cousin palestinien de Woody Allen, et de découvrir son monde. 21h30 The confessions  ( Les confessions ) de Roee Rosen Israël, 2008, 60′ Dans la tradition revendiquée de Saint Augustin et de Jean-Jacques Rousseau, nous sont donc promis les aveux de Roee Rosen, artiste israélien. L’autobiographie, de savantes analyses l’ont confirmé, suppose un pacte avec le destinataire, contrat de confiance tacite qui autorise au confessé de se cacher derrière ses révélations, et d’arborer pour finir toutes sortes de masque. C’est la stratégie choisie ici sans biais, puisqu’au sujet mâle attendu à l’image se substituent successivement face caméra trois femmes. En Rrose Sélavy se travestissait déjà Duchamp. Mais il y a plus ici que l’allusion dadaïste explicite. Ces femmes sont des travailleuses immigrées en Israël, venues chacune de pays différents, elles maîtrisent difficilement l’hébreu et le déchiffrent avec peine sur un prompteur devant elles. Explosé du coup le cadre étroit du confessionnal : ce que leurs paroles, leurs chorégraphies minimales aussi, révèlent, dépasse la seule intimité et ses pauvres petits secrets. Trio piégé, trio maladroit, qui s’expose à la place de R.R., qui ventriloque lui même des délires bien trop vastes pour n’être pas partagés. ( Jean Pierre Rehm ) FID2008 Prix Georges de Beauregard International – Mention spéciale Entrée 5 € (plein tarif) – 4 € (tarif réduit) La prévente sera possible à partir du 13 avril 2011 dans les horaires d’ouvertures de la billetterie. Projections Films en version originale sous-titrées. La salle de cinéma Michel Piccoli de la Villa Médicis a une capacité d’accueil de 98 places. L’accès à la salle ne sera pas consenti, une fois le film commencé. Académie de France à Rome – Villa Medici Viale Trinità dei Monti, 1 – 00187 Roma T. [+39] 06 67 61 1 Métro: A Spagna / Bus : 117-119 Remerciements : Jean Pierre Rehm, Fabienne Moris, Marcel Siguret, Copeam, Associazione Lo Sguardo di Handala.

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